Une année assez exceptionnelle vient de s’achever pour le Fonds de l’AJP : beaucoup de journalistes aidé·e·s, avec des montants importants attribués, de jeunes journalistes, des indépendant·e·s, pour des projets innovants… Côté chiffres on note une hausse des projets soutenus (46 contre 42 en 2022) et un record au niveau des sujets terminés et diffusés dans l’année (38 pour 35 l’an dernier). Côté habitudes journalistique : une tendance à faire long, des séries, un travail de plusieurs mois…
Il semble donc que le Fonds pour le journalisme ait trouvé son rythme de croisière. Les journalistes le connaissent et l’utilisent, des projets très divers pour des médias variés sont régulièrement déposés. Les demandeur·euse·s sont principalement des indépendant·e·s (75% des aidé·e·s) et des hommes (53%), qui proposent leurs travaux à la presse périodique (36%). Quand on entre dans le détail des chiffres on constate aussi qu’il y a de nombreux·euses jeunes journalistes (entre 25 et 35 ans) qui bénéficient d’une bourse et que de nouveaux·elles journalistes apparaissent chaque année (15 en 2023) parmi les lauréat·e·s.
Les montants demandés sont aussi en augmentation. Cela peut se comprendre par l’augmentation du coût de la vie, mais pas uniquement. La tendance actuelle du journalisme de fond est de faire des séries, des enquêtes qui s’inscrivent dans la durée, parfois pendant plusieurs mois. Cela peut être intéressant et riche en informations mais le jury du Fonds attire cependant l’attention sur le fait qu’il n’est pas là pour payer des rentes à des journalistes indépendant·e·s, par ailleurs très mal payé·e·s par les médias.
Parmi les étonnements du jury figure aussi le fait que peu de projets déposés au Fonds sont en rapport direct avec une actualité du moment. Certes il s’agit de journalisme, parfois plus proche du documentaire, mais le jury s’étonne qu’il n’y ait pas plus de demandes qui visent à creuser les grosses questions d’actualité du moment, à les mettre en perspective, à leur donner plus de fond.
En 2023 encore, de nombreux prix sont venus consacrer le travail de qualité réalisés par des journalistes soutenus par le Fonds. Onze au total. Virginie Nguyen Hoang a notamment reçu le Visa d’or de l’information numérique, à Perpignan, pour un reportage en Ukraine montrant la vie malgré la guerre. Wilson Fache a également été récompensé en France, à Vichy, pour ses reportages en Afghanistan un an après le retour des talibans au pouvoir. Il a reçu le Prix Albert Londres pour la presse écrite.
Pour 2024, le Fonds continue à proposer cinq appels par an, toujours aux mêmes dates (15/2, 15/4, 15/6, 30/9, 30/11). Le montant de l’enveloppe disponible pour chaque appel n’est pas encore connu précisément (car cela dépendra de l’indexation) mais il devrait tourner autour de 95.000 € par appel. Donc, à vous projets, journalistiques et liés à l’actualité, qu’ils soient innovants ou d’un traitement plus classique, mais proposant nécessairement une plus-value par rapport à un traitement journalistique « normal » tel qu’il serait traité dans un média, sans l’aide du Fonds.