Luong Julie
Journaliste indépendante
Principalement active dans la presse magazine, Julie Luong aime approfondir les questions d’actualité. Notamment sur des problématiques de santé, de droit, des faits de société.
Marianne Belgique
« On juge du degré de civilisation d’une société à la manière dont elle traite ses marges, ses fous et ses déviants », disait le psychiatre Lucien Bonnafé, chef de file du mouvement désaliéniste français dans les années 60. Aujourd’hui, un large consensus soutenu par l’OMS et la « Déclaration d’Helsinki » de 2005 – dont la Belgique est signataire – promeut des soins en santé mentale axés sur la communauté et le réseau plutôt que sur les traitements résidentiels, qui créent des ruptures dans le parcours de vie et amenuisent les chances de réinsertion. Or, malgré une tentative de reconversion du secteur dans les années 90, notre pays demeure à la traîne. Établi dans une pratique institutionnelle de longue date, il affiche encore 1,8 lit psychiatrique pour 1000 habitants, soit le ratio le plus élevé des 34 pays de l’OCDE, juste après le Japon. Aujourd’hui en plein déploiement, la réforme 107 promet un infléchissement vers une offre de soins plus adaptée. Mais les professionnels de la santé et les patients sont-ils prêts pour ce changement ? (Photo BelgaImage/Marianne)
En suivant le travail d’une équipe mobile de psychiatrie, l’un des dispositifs pivots de cette réforme, la journaliste Julie Luong a cherché à comprendre quels étaient les véritables enjeux du 107. À l’heure où les troubles de santé mentale représentent la première cause d’invalidité en Belgique, où la psychiatrie devient le réceptacle de multiples problématiques sociales, c’est en effet tout un système qui est remis en cause. Celui de l’hôpital mais aussi celui d’une société qui, par son injonction à la flexibilité et son obsession de la norme, a sa part évidente de responsabilité dans cette « épidémie ».
Santé mentale, médecine, alternatives, social